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  • 1714 - Noëlle Flaux enterrée comme une chienne à Bonnemain

     

    1714 – Bonnemain – Elle avait vécu « dans le péché » … elle devait mourir

    « comme une chienne » !!

    http://archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot_internet/ark:/49933/thtrbnzs8v20/66338/6

    Transcription

    La nommée Noëlle Flaux demeurant au village de la Chevra[i]s étant en commerce infâme avec

    le nommé Guillaume Monnier natif de Normandie, boissilleur

    , sous prétexte d'un faux mariage

    déclaré nul par l'officialité de Dol, après avoir vécu dans ce malheureux état quatre ans sans

    faire leur pâque, la dite Flaux est morte sans aucun sacrement et sans donner aucune marque de

    résipiscence a été privée de la sépulture sainte, des suffrages et des prières des fidèles, et enterrée comme une chienne ce vingt-deux avril 1714.

    Poullet, recteur

    Commentaire

    Cet acte renvoie évidemment à l'importance du contrôle qu'avait l'Eglise sur la société de

    l'Ancien Régime.

    On peut également s'attarder sur cette activité de « boissilleur »

    . Au-delà des éléments de définition de la note en bas de page, ce terme semble chargé très négativement en référence à leur mode de vie. En effet Guillaume Monnier correspond tout à fait au « portrait » de ces hommes qu'en fait le géographe Jean-Pierre HUSSON

    : « pauvres, mal intégrés à la société communautaire des gens du village ou exclus de celui-ci. Ces populations, sans véritable métier, changent d’activité avec les saisons, forment une main d'œuvre d’appoint lorsque les travaux forestiers sont arrêtés.

    Fiers et indépendants, parfois ombrageux, les gens des bois vivent entre eux, sans se marier. Les cellules familiales peuvent éclater au gré des déplacements, des disparitions prématurées, dues à un taux de mortalité élevé aggravé par une consommation abusive d’alcool, de médiocre qualité. Et depuis le Moyen Age, les curés des paroisses les regardent d’un sale œil. Ils n’ont guère de pratique religieuse, ne vont pas à la messe, vivent le plus souvent à la « colle » sans se marier ».

    Noëlle Flaux, en fréquentant ce type de « personnage », a été « sortie » de la communauté

    chrétienne jusqu'à être « enterrée comme une chienne ».

    1714 - Noëlle Flaux enterrée comme une chienne à Bonnemain (35)

     

     

     


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  • En 1662, à Carnet (35)

    ,faire vœu de célibat ne veut pas forcément dire faire vœu de chasteté

    Transcription :

    Aoust 1662

    die vigesima septima augustii baptizatus fuit puer masculus ex illegitimo coitu magistri Audoeni de

    pincé presbiteri et franciscae lorin, cui nomen impositum est joannis patrinus fuit joannes bindel,

    matrina vero Renata Viel

    Traduction :

    Le 27août fut baptisé un enfant mâle issu du coït illégitime de Messire Ouen de Pincé prêtre avec

    Françoise Lorin, auquel fut imposé le nom de Jean, le parrain fut Jean Bindel, la marraine

    Renée Viel

    1662 – Carnet – Archives départementales de la Manche (Baptêmes-Mariages-Sépultures – Cote 5MI 2074 –

    1629-1630, 1633-1664 (1629-1664) – cliché 213/257.

    Transcription :

    Décembre 1662

    die vigesima prima decembris 1662 baptizata fuit puella nota2

     ex illégitime coitu magistri petri

    frain presbiteri ex parochia Sancti Audoeni in epicopatu Rhedonensis et Francisca Mauviel in

    nostra parochia cui nomen impositum est petronilla, patrinus fuit petrus maheust illegitimus dictus

    vulgari nomine biron, matrina vero jacoba launay

    Traduction :

    le 21 décembre 1662 fut baptisée une fille bâtarde issue du coït illégitime de Messire Pierre Frain

    prêtre de la paroisse de St Ouen3

     dans l’évêché de Rennes avec Françoise Mauviel de notre

    paroisse à laquelle fut imposé le nom de Pétronille, le parrain fut Pierre Maheust illégitime

    appelé couramment Biron, la marraine fut Jacquette Launay

    1662 – Carnet – Archives départementales de la Manche (Baptêmes-Mariages-Sépultures – Cote 5MI 2074 –

    1629-1630, 1633-1664 (1629-1664) – cliché 215/257.

    Commentaire :

    Au milieu des autres actes écrits en Français, par souci de discrétion, le curé de la

    paroisse enregistre l'acte en latin. Si le nom du prêtre est mentionné c'est sur la

    déclaration de la mère. Ce qui ne veut pas dire que le prêtre a reconnu cet enfant.

    Actes de baptême recueillis sur le site des Archives de la Manche

    par Christine JOUSSELIN et traduits du Latin par François DAVID

    1 Carnet, paroisse du Sud de la Manche à la limite de l'Ille-et-Vilaine.

    2 Il faut lire notha de nothus, a, um qui veut dire : bâtard, illégitime (Dictionnaire Gaffiot).

    3 Saint-Ouen-la-Rouërie, commune limitrophe de Carnet … en Ille-et-Vilaine.

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  • 1795 – Romagné – Perrine Ferrand, domestique, assassinée par les Chouans

    http://archives-en-ligne.ille-et-vilaine.fr/thot_internet/ark:/49933/tht9ghx3gkp7/39408/9

    Transcription

    Aujourd'hui, vingt-huit nivôse de l'an trois de la république française une et indivisible [17 janvier

    1795] à huit heures du matin par devant moi Jean Prodhomme officier municipal de la commune de

    Romagné élu le deux nivôse de l'an second [22 décembre 1793] pour dresser les actes destinés à

    constater les naissances mariages et décès de citoyens, sont comparus en la maison commune

    François Guesdon âgé de quarante ans et Augustin Berhaut âgé de vingt-deux ans, tous les deux

    laboureurs demeurant dans le département d'Ille et Vilaine, district de Fougères, commune de

    Romagné lesquels m'ont déclaré qu'hier au soir à dix heures les chouans au nombre de douze à

    quinze étaient entrés au village de la Daviais et y avaient avec leur barbarie ordinaire assassiné

    Perrine Ferrand domestique du citoyen Lacoudre maire de la commune. D'après cette déclaration

    je me suis transporté sur le champ au lieu de ce domicile. Je me suis assuré du décès de la dite

    Ferrand et j'ai vu que les canniballes [sic] lui avaient tiré deux coups de fusil à bout portant dont

    l'un dans la poitrine et sortait par le dos, et l'autre au côté gauche et sortait par le droit de manière

    que le feu avait pris dans ses hardes et les avaient presque toutes brûlées et le côté gauche était tout

    brûlé de tout quoi j'ai rapporté le présent acte que les citoyens Guesdon et Berhaut n'ont signé

    déclarant ne savoir le faire.

    Fait en la maison commune de Romagné les dits jours et mois étant ci-dessus.

    Signé Jean Prodhomme

    Dans la marge :

    Perrine Ferrand, fille de Ferrand et d'une Louvet, née au village de Moncorps et âgée de 34 ans.

    Commentaire

    Ce document renvoie au contexte de guerre civile particulièrement violent dans le pays de Fougères

    entre Chouans et Républicains pendant la Révolution.

    Les motivations des Chouans et les circonstances exactes de ce coup de main ne sont pas ici

    explicitées. Cependant on peut penser que le choix de s'attaquer à la maison du maire de Romagné

    n'est évidemment pas neutre. En effet, les institutions locales ont été récemment renouvelées et sont

    désormais tenues par des Républicains.

    Pour aller plus loin

    De nombreux faits de ce type sont répertoriés dans les ouvrages suivants :

    Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et

    historique de l'arrondissement de Fougères, 1989.

    Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie

    1793-1800, Rue des Scribes Éditions, 1894. 

    1795  Romagné  Perrine Ferrand, domestique, assassinée par les Chouans


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  • Le calvaire de Plorec-sur-Arguenon

     Nous voici dans un charmant petit village de Bretagne, à Plorec-sur-Arguenon dans le département des Côtes d’Armor. Un village d’un peu plus de 400 âmes qui, jusqu’alors, vivaient paisiblement.

    Il y a deux ans, l’association de sauvegarde du patrimoine religieux de la commune a souhaité restaurer un calvaire datant de 1946.

    Elle n’a pas demandé d’argent public et a pris en charge cette restauration. La Mairie s’est occupée des seules formalités administratives, puisque le terrain sur lequel le calvaire se trouve appartient au Département, et qu’il fallait obtenir une autorisation de travaux. Autorisation délivrée sans problème par le Département

    Jusque-là, tout va bien. Le calvaire a retrouvé sa superbe, et l’on a même déplacé un petit calvaire qui se trouvait tout seul dans un champ voisin pour le mettre plus en valeur. Le tout a été clôturé et l’espace a été paysagé. L’inauguration a eu lieu en octobre 2018.

     

    On devrait à ce moment-là uniquement parler du formidable travail des bénévoles pour le patrimoine de leur commune.

     

    Or, pas du tout. L’actualité de ce petit édifice est tout autre.

    En effet, lors de la cérémonie des vœux, le Maire de la commune a annoncé qu’il était très ennuyé par une plainte déposée par un de ses administrés, membre de « La Libre Pensée ». Cette association sévit depuis des années sur l’ensemble du territoire pour traquer sans relâche « les signes extérieurs » de la religion. Ce sont eux qui s’illustrent notamment dans tous les procès concernant les crèches, les statues religieuses dans les espaces publics et, aujourd’hui, c’est au tour des calvaires.

    Nous ne savons pas comment cette association est financée, mais vu le nombre de calvaires sur notre territoire, s’ils intentent des procès partout, cela risque de leur coûter très cher. Quoiqu’il en soit, c’est le tribunal Administratif de Rennes qui devra se prononcer et statuer sur le sort de ce pauvre édifice magnifiquement restauré. Cette affaire pourrait faire sourire, mais elle laisse entrevoir ce qui risque de se passer dans les prochaines années au nom d’une ultra laïcité mal interprétée.

    Appliquer la politique du « Bien vivre ensemble » commence par respecter l’histoire et le patrimoine de chacun et non de lutter contre.

    sources https://www.lagazettedupatrimoine.fr/

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